Étude de l’efficacité clinique d’un autovaccin dirigé contre Riemerella anatipestifer chez le canard de barbarie, administré séparément ou mélangé à un vaccin contre la parvovirose

Douzièmes Journées de la Recherche Avicole et Palmipèdes à Foie Gras, Tours, 05 et 06 avril 2017

Éric THIBAULT, Nelly LESCEAU, Hubert GANTELET : Ceva Biovac Angers Technopole 6, Rue Olivier de Serres 49071 BEAUCOUZÉ
Stéphanie CASTAGNOS : CEVA Santé Animale 10 Av de la Ballastière 33500 LIBOURNE

RÉSUMÉ

Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un autovaccin dirigé contre Riemerella anatipestifer adjuvé en alumine ou en huile et administré à des canards de Barbarie séparément ou mélangé à un vaccin contre la parvovirose. L’innocuité de l’autovaccin et la viabilité des canards suite à une épreuve à Riemerella anatipestifer sont excellentes quels que soient l’adjuvant et le mode d’administration utilisés. Par contre, l’utilisation d’un adjuvant huileux réduit significativement la proportion de sujets présentant des lésions de riemerellose.

ABSTRACT

Study of the clinical efficiency of an autogenous vaccine against Riemerella anatipestifer to Muscovy duck, administered separately or mixed in a vaccine against parvovirose. This study examined safety and clinical efficiency of an autogenous vaccine against Riemerella anatipestifer to Muscovy ducks, administered separately or mixed with a Parvovirus vaccine. Safety of the autogenous vaccine and viability of Muscovy ducks after a Riemerella anatipestifer challenge are excellent, regardless of the adjuvant or the vaccination method. However, lesions due to Riemerella anatipestifer are significantly reduced in the group immunized with an oiled autogenous vaccine.

INTRODUCTION

Le plan de réduction de l’usage des antibiotiques tel que défini dans le plan EcoAntibio 2012-2017 prévoit l’usage et la promotion des vaccins. Les vaccins disponibles ne permettent pas de couvrir l’ensemble des maladies bactériennes des palmipèdes, justifiant le recours aux autovaccins, qui se définissent comme des vaccins inactivés fabriqués à partir d’organismes pathogènes provenant d’animaux d’un élevage et destinés aux animaux de cet élevage. Leur usage est répandu chez les palmipèdes notamment vis-à-vis des
affections dues à Riemerella anatipestifer, bactérie provoquant des mortalités pouvant atteindre 70% de l’effectif d’un lot (1,2).

Les plans de prophylaxie des canards de Barbarie comprennent la vaccination contre la parvovirose. Dans certains cas, un autovaccin est également administré. La question du mélange du vaccin et de l’autovaccin est régulièrement posée. Cette étude a pour objectifs de vérifier si la protection conférée par l’autovaccin n’est pas compromise par le mélange ou inversement et d’évaluer l’influence de
l’adjuvant de l’autovaccin sur cette protection.

1. MATERIELS ET METHODES

162 canetons de Barbarie préalablement vaccinés à l’âge d’un jour contre la parvovirose sont répartis en 5 groupes à 2 semaines d’âge.
G1 : canetons recevant l’autovaccin huileux mélangé au vaccin contre la parvovirose avec adjuvant huileux (N=48)
G2 : canetons recevant l’autovaccin avec adjuvant aqueux mélangé au vaccin contre la parvovirose avec adjuvant aqueux (N=48)
G3 : canetons recevant séparément mais simultanément l’autovaccin huileux et le vaccin contre la parvovirose à adjuvant huileux (N=24)
G4 : témoin non vacciné et non autovacciné éprouvé (N=24)
G5 : témoin non vacciné et non autovacciné non éprouvé (N=18)
Une épreuve virulente est réalisée à l’âge de 8 semaines sur les sujets des groupes G1, G2, G3 et G4 avec la souche de Riemerella anatipestifer incorporée à l’autovaccin. La mortalité ainsi que les lésions caractéristiques de riemerellose sont relevées sur chacun des 5 groupes pendant une semaine.

2. RÉSULTATS

Aucune réaction locale ou générale n’est observée sur les sujets des groupes G1, G2 et G3.

2.1. Mortalité

Tableau 1. Mortalité des canards dans les différents groupes après l’épreuve virulente à Riemerella anatipestifer

Groupe

Nombre de sujets morts/effectif du groupe

%

G1

1/48

2

G2

0/48

0

G3

0/24

0

G4

14/24

58

G5

0/18

0

La viabilité est excellente pour l’ensemble des lots autovaccinés (G1 à G3, pb=0,4694) et très significativement supérieure au lot témoin éprouvé (G4, pb<0,0001). Aucune différence significative n’est observable entre les lots G1 et G3 (pb>0,9999).

2.2. Lésions de Riemerellose

La riemerellose est une affection septicémique se traduisant par des lésions respiratoires (pneumonie, aérosacculite) et générales non spécifiques (périhépatite, splénomégalie, hydropéricarde,…).

Tableau 2. Nombre et proportion de canard par groupe présentant des lésions suite à l’épreuve virulente par Riemerella anatipestifer

Groupe

Nombre de sujets morts/effectif du groupe

%

G1

7/48

15

G2

30/48

63

G3

7/24

29

G4

24/24

100

G5

0/18

0

La proportion de sujets présentant des lésions de riemerellose est très significativement diminuée sur les lots ayant reçu le vaccin et l’autovaccin à adjuvant huileux (G1 et G3) comparés aux autres lots G2 (pb<0.0001) et G4 (pb<0.0001). La différence n’est pas significative entre les lots G1 et G3 (pb=0.2086).

3. DISCUSSION

Le mélange d’un vaccin et d’un autovaccin incorporant le même type d’adjuvant (huileux ou aqueux) est réalisable et n’entraîne pas d’effets secondaires sur les canards de cette étude. L’autovaccin doit induire une réduction de la mortalité et des lésions provoquées par l’infection. L’étude montre que, quel que soit l’adjuvant et l’autovaccin, la viabilité des canards éprouvés est excellente.

Sur l’aspect lésionnel, la protection conférée par les autovaccins huileux est très significativement supérieure à celle des autovaccins adjuvés en alumine. Par contre, la proportion de sujets présentant des lésions est très significativement diminuée chez les canards ayant reçu l’autovaccin huileux mélangé au vaccin huileux, par rapport à celle observée sur les canards ayant reçu l’autovaccin adjuvé en alumine mélangé au vaccin aqueux. Il convient en particulier de noter que près de 60% des canards vaccinés avec un autovaccin
adjuvé en alumine développent des lésions de pneumonie et 15% un hydropéricarde, contre respectivement 15% et 0% de ceux vaccinés avec un autovaccin huileux. En limitant les capacités respiratoires et circulatoires des canards de Barbarie, ces lésions augmentent leur sensibilité aux infections respiratoires telles que les infections colibacillaires, tout en diminuant leur potentiel de
croissance. Elles peuvent également faire l’objet de retraits en abattoir.

CONCLUSION

Cette étude montre que le mélange d’un vaccin et d’un autovaccin Riemerella est possible et réduit très significativement la mortalité des canetons autovaccinés lors d’une épreuve homologue. La protection conférée par les autovaccins huileux est toutefois très significativement supérieure à celle des autovaccins adjuvés en alumine en ce qui concerne la proportion de sujets survivant à
l’épreuve mais présentant des lésions de riemerellose : le recours aux autovaccins huileux est donc largement préférable à l’utilisation
d’autovaccins adjuvés en alumine.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1- Haiwen et al., 2013. Development and evaluation of a trivalent Riemerella anatipestifer inactivated vaccine. Clinical and Vaccine Immunology, 20 (5): 691-697
2- Sandhu TS., Rimler RB., 1997. Riemerella anatipestifer infection, Diseases of poultry , 10th edition : 161-166

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